Critique: Le Parrain, Deuxième Partie

Publié le par superboubouge

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En 1901, à Corleone en Sicile se déroule les funérailles du père du jeune Vito Corleone, assassiné pour injures envers Don Ciccio, le parrain local qui tuera par la suite la mère de Vito et tentera de le tuer aussi. Le jeune Vito est alors caché par des habitants et placé sur le bateau direction New York. 50 années plus tard, Michael Corleone, célèbre la communion de son fils au Nevada et tente de régler les affaires de la famille …

 

2 années après le succès du premier opus, sort Le Parrain, deuxième partie, suite mais aussi presque de son prédécesseur. En effet, Francis Ford Coppola décide de scinder son film en deux histoires distinctes qu’il entremêle tout au long du film, l’une  sur la montée dans le vieux New York des années 1920 de Vito Corleone et l’autre sur le règne de Michael sur sa famille. Tout cela à l’aide d’une distribution extraordinaire, une réalisation magnifique et un scénario original.

 

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Pour la distribution, Al Pacino (Le Parrain, Serpico, Un Après Midi De Chien, Scarface, Le Parrain 3,…) , Diane Keaton (Le Parrain, Annie Hall, Manhattan, Reds, Le Parrain 3,…), Robert Duvall (Le Parrain, Network, MASH, Apocalypse Now,…), John Cazale (Le Parrain, Un Après Midi De Chien, Voyage Au Bout De L’Enfer,…), Talia Shire (Le Parrain 1 et 3,Rocky,…) et Richard Bright reprennent leur rôle du premier film secondé par Robert De Niro (Taxi Driver, Voyage Au Bout De L’enfer, Raging Bull, Il Etait Une Fois En Amérique, Les Affranchis, Casino,…), Lee Strasberg et Michael V Gazzo. Ca fait rêver.  Al Pacino reprend donc son rôle complexe de Michael Corleone et présente une nouvelle fois une évolution de ce personnage qui passe du bien au mal, déjà ressenti à la fin du premier opus.  Le Parrain II va donc suivre la lente descente aux enfers d’un homme profondément seul et s’enfermant lui-même dans sa solitude et qui va perdre tout ce qui faisait sa puissance et celle de son père : sa famille. Commence alors une rage destructrice, son frère, Fredo, et sa femme Kay en seront les principales victimes. Sa situation sociale et sa place de parrain sont remis en cause par des hommes d’affaires et autres mafieux. Abattu par les coups du sort, ébranlé, Michael réagit en devenant un véritable monstre. La composition d’Al Pacino est à cet égard de bout en bout hallucinante. Le changement de jeu de l’acteur entre les deux opus est admirable tant il est encré dans ce personnage. Michael Corleone devient alors un homme incontrôlable et immorale, la scène la plus représentative est sans nul doute celle où il se dispute avec Kay, scène extraordinaire grâce à la transformation ahurissante du visage de Pacino.  Coppola montre que l’isolement de Michael est antérieur à cette période avec une magnifique scène finale où l’on voit Michael annonçait, contre l’avis de la famille, qu’il rejoint l’armée à ces frères.

 

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Une performance remarquable, tout comme celle de l’immense Robert De Niro, qui avait déjà fait le casting pour différents rôles pour le premier opus. Il interprète le jeune Vito Corleone, et la tâche semblait d’une difficulté extrême pour un jeune acteur qui devait reprendre un rôle déjà joué par un certains Marlon Brando, qu’admiré De Niro. La surprise fut tout aussi grande que l’interprétation de l’acteur, c'est-à-dire une justesse énorme pour un personnage très stéréotypé et le rendre donc crédible. Comme pour Pacino, De Niro nous offre une transformation psychologique et sociale superbe avec une ascension du personnage qui passe du simple émigré en parrain de son quartier. Il passe de l’innocence avec la scène où il vole le tapis avec Clemenza au véritable parrain lorsqu’il  négocie le loyer d’une vieille femme avec le logeur et qu’il tue l’assassin de son père et Don Fanucci. Il offre une palette d’émotions exceptionnelle et confirme son talent entrevu dans Means Street. Récompensé aux oscars pour le meilleur second rôle, qu’il a disputé avec deux autres protagonistes du film : Lee Strasberg en impitoyable Hyman Roth, homme d’affaires juif qui mènent toute la famille Corleone en bateau pour tuer Michael, et le génial Michael V Gazzo en Frankie Pentangeli, Caporegime qui a repris le territoire de Clemenza. Deux autres révélations voient le jour, le premier est sans conteste John Cazale en Fredo dont le rôle prend de l’importance dans cet opus et qui peut désormais montrer tout son talent d’acteur. Et il en a, il est parfait dans ce personnage naïf et innocent qui ne voit pas qu’il se fait embobiner et qu’il est un des pions de Roth pour tuer Michael. Les scènes où Michael annonce à Fredo qu’il ne le considère plus comme son frère et la scène de l’enterrement sont des vraies performances d’acteurs. L’autre révélation est  Talia Shire, la sœur de Coppola, est remarquable en femme pervertie par l’argent et qui après de nombreux désillusions amoureuses revient vers son grand frère pour prendre soin de lui. Enfin pour finir, notons les performances sobres, simples et efficaces de Robert Duvall et Diane Keaton. Une grande distribution digne des grands chefs d’œuvre.

 

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Coppola ne voulait pas réaliser ce film, comme, initialement,  pour le premier, mais une nouvelle fois il change d’avis et décide de mettre en scène la suite du Parrain et exige que les producteurs et notamment Robert Evans n’aient aucun regard sur le scénario, la réalisation, les castings et que le film s’appelle Le Parrain 2éme partie. Le succès du Parrain, produit la peur au ventre, permet à Coppola de diviser le film en deux parties, l’une sur le « présent » de la famille Corleone et l’autre sur l’ascension de Vito Corleone. C’est pour cette dernière, que le gros budget était nécessaire à cause de la création de décors du vieux New-York.  La plupart des scènes tournées l’ont été en décor naturel, dans le quartier de Lower East Side. Durant six mois, les décorateurs ont transformé la 6th Street. C’est cette division qui marque l’originalité du film qui ressemble dans la forme fortement au premier. De nombreuses scènes sont reprises du premier mais marque un changement de personnalité dans les personnages : la scène de la célébration de la communion qui fait le lien avec celle du mariage dans le premier mais il n’y a pas l’enthousiasme du premier, les enfants sont mal mariés, et ils sont avides d’argents. Un remake tragique du premier film. Coppola instaure une opposition tout au long du film entre le père et son fils, Michael est lui-même une copie presque caricaturale de son père. Il en adopte la posture, les manières, et presque la voix. Mais Michael n’est pas Vito. Il ne sait pas réellement où il va. N’ayant pas choisi sa voie, il doute constamment, s’interroge, et fait alors les erreurs que Vito n’aurait jamais commises. Pour la réalisation de cette opposition Coppola utilise des lieux et couleurs sombres pour les passages avec Michael et des couleurs vives (ex : en Sicile) pour les scènes héroïques de Vito. On retrouve aussi des passages d’anthologies comme la mort de Fredo, le dialogue entre Duvall et Gazzo sur L’Empire Romain des Corleone, la dernière scène, l’empoignade entre Fredo et Michael  …Tout cela sur fond historique (guerre froide : on apercoit dans les premiéres scénes les frères Kennedy, les guerillos cubain,...). Du grand art. Un seul petit bémol : le film perd l’intensité qu’avait le Parrain avec ces flashs back et on ressent une longueur vers la fin.

Le scénario est la séquelle et la préquelle du Parrain, œuvre de Mario Puzo qui participa à l’écriture du film avec Coppola.

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Que dire une nouvelle fois de la musique de Nino Rota magnifiquement conduite par le père de Coppola, Carmine.

 

Deuxième opus, second chef d’œuvre pour la saga du Parrain, qui obtiendra un succés encore plus important que le premier notamment aux oscars (6 récompenses) grâce à une distribution extraordinaire, la maestria de Coppola et un scénario complexe. « Vous n’avez pas vu Le Parrain si vous n’avez pas vu… Le Parrain 2 ».

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